Vendredi 30 juillet 2010 à 11:39

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Après une petite interruption liée à mon départ en vacances, c'est avec beaucoup de bonheur que je me suis replongée dans les histoires d'Annie Proulx (surtout connue pour être l'auteur de Brokeback Mountain). Pas de suspense inutile aujourd'hui : j'ai vraiment adoré ces nouvelles !


Promis, je ne reviendrai pas sur ma passion pour le genre (qui a déjà été abordée à plus d'une reprise dans ces pages), même s'il est vrai que c'est toujours avec enthousiasme que j'ouvre un nouveau recueil. Néanmoins, celui-ci est différent : au-delà de bribes éparses de destins variés, on ressent une véritable unité à la lecture des différents récits. Ce qui fait le lien entre eux n'est autre que le personnage principal du livre : l'état du Wyoming. 


Annie Proulx porte un regard sans concession sur cette terre historique où elle vit désormais et dont elle n'hésite pas à montrer les aspects grandioses comme ceux nettement moins reluisants. J'ai été particulièrement interpellée par la question de l'héritage culturel de ses habitants, souvent écartelés entre un attachement véritable envers le passé et un attrait pour la société contemporaine (pour le meilleur, comme pour le pire). Quelquefois, ce qui reste n'a plus vraiment de sens (comme ces beaux verres de cristal qu'on ne sort même plus de leur armoire et qui possèdent pourtant leur éponge attitrée), d'autres fois, par contre, le legs se révèle d'une richesse inattendue (à l'image d'une théière percée qui pourtant donne tout son sens à l'expression "Moins c'est plus"). 
 

J'ai également apprécié la façon dont l'auteur exploite au maximum la nouvelle, en s'amusant de chutes parfois cruelles et en flirtant avec le fantastique ou encore la fable. 


Mais à mes yeux, le véritable talent d'Annie Proulx réside dans la manière dont elle conçoit ses personnages. Sans en passer par d'interminables descriptions ou de pesantes généalogies, elle parvient à leur donner des racines, une ampleur, une profondeur à un point tel qu'on peut difficilement se résoudre à admettre leur statut fictionnel. Certains passent de nouvelles en nouvelles, au détour d'une simple phrase, comme si ce recueil n'était rien d'autre que les chroniques d'une petite ville perdue des Etats-Unis. 


 
En conclusion, Nouvelles histoires du Wyoming est un véritable coup de coeur ! Je le recommande ...

-  aux amateurs de nouvelles et de littérature U.S.
-  à ceux qui portent un intérêt pour l'Amérique profonde et authentique
-  à n'importe quel lecteur qui apprécie les personnages riches et marquants





Mille mercis à Blog-o-Book d'avoir pensé à moi, et
merci aussi au Livre de Poche pour ce partenariat !



Mercredi 28 juillet 2010 à 16:28

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En ce début de XVIIe siècle, les bûchers des procès en sorcellerie, les tentatives de régicide et les guerres de religion embrasent la France. Actrice, danseuse, acrobate, Juliette, dépositaire d'un trop lourd secret, doit dire adieu à la troupe avec laquelle elle a couru les routes du pays entier. Elle trouve alors refuge à l'abbaye de Sainte-Marie-de-la-Mer, en Vendée. Enceinte, elle y donnera naissance à la petite Fleur et, après avoir pris le voile, elle y deviendra également sœur Auguste. Mais réussit-on jamais à fuir son passé ?


L'été des saltimbanques est le premier livre que j'ai entamé à mon retour des Etats-Unis. Pour être précise, je l'ai ouvert durant le vol en espérant y trouver des personnages attachants, du dépaysement, ainsi qu'une lecture fluide et agréable. A dix mille mètres d'altitude, l'heure n'était pas aux romans obscurs ou exagérément complexes !

Même si je n'ai lu qu'une vingtaine de pages dans les airs, j'ai su immédiatement que ce livre était exactement ce qu'il me fallait alors. C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé tous les ingrédients qui composent l'univers de Joanne Harris : vie nomade, liens du sang, magie, cuisine, sans oublier la sombre menace qui plâne sur le personnage principal.

J'ai beaucoup aimé la construction du récit qui, comme dans Chocolat, laisse à plusieurs reprises la parole à l'opposant de l'héroïne. Ses interventions se font plus nombreuses à mesure qu'il gagne du terrain et, à la fin du récit, l'alternance va en s'accélérant, ce qui donne aux dernières pages un rythme particulièrement haletant. Je les ai lues d'une traite. 

La narratrice principale, Juliette, porte la marque de Joanne Harris : prête à tout pour défendre les valeurs qui sont les siennes, elle refuse de se fondre dans la masse et érige en priorités absolues sa fille et leur liberté. 

Cependant, L'été des saltimbanques n'est pas une absurde transposition au XVIIe siècle de Chocolat. Ce qui fait sa force, c'est l'approche psychologique qu'apporte l'auteur à la construction des personnages. Souvent blessées par leur vie civile, les religieuses de Sainte-Marie-de-la-mer ont pour la plupart un passé chargé qui les prédispose aux réactions les plus extrêmes. L'arrivée de la nouvelle abbesse et de son confesseur fera d'ailleurs vaciller puis véritablement basculer l'équilibre de la communauté... Et quand l'hystérie se fait collective, les accusations de sorcellerie ne tardent pas à apparaître !

Seule la fin me pose encore question. Sans rien vous révéler, je dirais simplement que je suis incapable de décider si je l'ai aimée ou non. Elle est en tout cas à la hauteur de Juliette : aussi indomptable qu'imprévisible !

 

Lundi 5 juillet 2010 à 8:39

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Après deux tomes drôles et uniques en leur genre, c'est avec beaucoup d'excitation que j'ai ouvert le troisième volume des aventures de la famille de détectives privés Spellman. Ma question était cependant la suivante : La revanche des Spellman serait-elle à la hauteur de ses illustres prédécesseurs? 

 
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La détective privée Isabel Spellman est de retour sur le terrain, mais aussi sur le divan pour une thérapie sous contrôle judiciaire. Entre séances de psy et enquête difficile, elle doit aussi faire face aux « comportements suspects » des membres de sa famille : son frère David, qui revient blessé de ses prétendues vacances en Italie, ses parents qui manigancent leur retraite... Sans parler de sa voiture, qui semble se déplacer comme par magie pendant la nuit ! Pour corser le tout, Izzy est victime d'un maître chanteur, ce qui la pousse à soupçonner successivement chacun de ses proches.



Sans surprise, j'ai dévoré ce roman, qui s'avère dans l'heureuse lignée de Spellman et Associés et des Spellman se déchaînent. Je ne sais même pas par où commencer mon compte-rendu tant j'aime tout à propos de cet univers ! 


Une chose est sûre : le succès de cette série est lié en grande partie à l'humour dévastateur de Lisa Lutz. Les dialogues sont toujours pleins d'esprit et se teintent quelquefois d'absurde, quant aux situations toutes particulières dans lesquelles se retrouvent les personnages, elles sont le plus souvent à pleurer de rire ! 


En parlant de personnages, ils sont l'autre grande force du roman. Isabel, la narratrice, est une héroïne géniale (oui, je sors les superlatifs!), à la fois excentrique, rebelle, entêtée et fidèle en amitié comme dans ses rapports familiaux. Dans cet opus, nous découvrons également sa sensibilité, ce qui ne la rend que plus attachante encore. 


Autre figure majeure de l'arbre généalogique des Spellman : l'insupportable petite soeur, Rae, dont l'intelligence n'a d'égale que la ruse. En effet, celle qui se targue d'obtenir toujours ce qu'elle désire a de la suite dans les idées et n'hésite pas à employer les grands moyens pour parvenir à ses fins, qu'elles soient égocentriques ou, au contraire, altruistes. 


Ce qui me plaît également dans la série, c'est la construction originale du récit : les chapitres ordinaires sont entrecoupés de retranscriptions d'enregistrements. Dans ce tome-ci, il s'agit des séances de thérapie d'Isabel... et le résultat est tout sauf larmoyant ! De plus, la narratrice utilise abondamment les notes de bas de page pour ses petits commentaires personnels, ce qui n'a pas manqué de me faire sourire à plus d'une reprise !


 


Je termine cette note sur mon impatience de voir les Spellman portés à l'écran : le projet est annoncé pour 2011, et on parle déjà de Zooey Deschanel dans le rôle d'Izzie !  J'ai hâte de découvrir la suite du casting !


 
 

Mercredi 30 juin 2010 à 11:49

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C'est avec un peu de retard que j'écris ce compte-rendu de la suite des aventures des deux Lili et de leur ruée vers l'or. J'espère que mon enthousiasme de lectrice n'en sera pas réduit car ces livres, reçus à Noël dernier, incarnent un immense coup de coeur pour moi !

 

Octobre 1897. La ruée vers l'or se poursuit. Même si elles ont atteint le Grand Nord, les deux Lili ne sont pas au bout de leurs peines. A Skagway, les amours de Rosalie tournent au désastre lorsqu'elle découvre le secret de son amant. C'est donc la rage au cour qu'elle affronte ensuite le célèbre bandit Soapy Smith, avant d'entreprendre seule, en pleine tempête de neige, la traversée des montagnes Rocheuses. Pendant ce temps, à Dawson, Liliane a trouvé une manière aussi astucieuse qu'inattendue de s'enrichir sans même s'approcher d'une mine. Cette nouvelle fortune se révèle toutefois insuffisante lorsque la famine annoncée s'abat sur le Klondike. Or l'hiver est long et froid au Klondike et, en octobre, il ne fait que commencer.


A l'issue du premier tome, nous avions laissé Liliane pleine de projets à Dawson City et Rosalie loin derrière elle, retenue par un stratagème de son amant, Dennis-James. Les rebondissements avaient été nombreux, c'est pourquoi j'ai vraiment apprécié de découvrir un bref récapitulatif des évènements au début de ce second ouvrage. Voilà qui est suffisamment rare pour être mentionné !


Vous avez peut-être remarqué que j'ai lu cette suite en à peine deux ou trois jours, ce n'était pourtant pas faute d'autres activités à ma disposition, mais j'ai été une fois de plus captivée ! La réussite de ces livres tient dans la combinaison parfaite d'héroïnes attachantes, de péripéties nombreuses et d'un univers particulier et dépaysant. 


Au fil des pages, nous découvrons les personnalités bien affirmées de Liliane et de Rosalie. Bien que toutes deux courageuses, indépendantes et sensibles, elles présentent par ailleurs des caractères différenciés qui les rendent complémentaires. Pleines d'initiatives et jamais à court de solutions astucieuses, elles sont de vraies aventurières et ne reculent devant rien.


Car, en effet, les embûches ne sont pas rares : il y a d'abord la route jusqu'au Klondike, interminable et dangereuse, mais également les inconvénients de l'isolement, comme la famine et le manque de confort, sans parler des périls qui entourent les femmes seules dans ce paysage laborieux et masculin. Et si vous comptez, en plus, les tourments sentimentaux, le tableau n'en est que plus chargé encore !


Mais ce que j'apprécie surtout dans ces romans, c'est la description de cet univers à part, où le mode de vie est dicté par le climat difficile et où règnent, bien avant les forces de l'ordre, la loi du plus fort et celle de l'offre et de la demande.



En conclusion, si vous vous intéressez à l'Amérique du XIXe siècle, à la ruée vers l'or, si vous appréciez les héroïnes qui forcent l'admiration et que vous êtes à la recherche d'un passionnant récit d'aventure, je vous recommande mille fois la série Lili Klondike !



 

Jeudi 3 juin 2010 à 13:17

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Souvenez-vous il y a deux ou trois semaines, au terme de ma découverte de La sorcière rousse, j'avais érigé en priorité littéraire absolue de me plonger dans l'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald. C'est désormais chose faite, puisque j'ai refermé hier le mythique roman Tendre est la nuit


Tendre est la nuit est un roman intelligemment construit en trois parties bien distinctes, qui nous permettent de découvrir peu à peu le couple formé par les protagonistes, Nicole et Dick. La première partie est rédigée du point de vue de Rosemary, comédienne américaine à peine majeure qui rencontre le couple alors qu'il passe des vacances en compagnie d'amis dans le Sud de la France. La jeune femme est instantanément fascinée, amoureuse des époux charismatiques, insouciants et mondains. Très vite, pourtant, elle devine qu'ils dissimulent un secret... Celui-ci ne tardera pas à être découvert, donnant lieu au second livre qui prend la forme d'un flashback. Le dernier livre se déroule après ces vacances françaises et boucle l'histoire.


Il m'apparaît difficile de vous en parler davantage en évitant toute révélation, alors si vous souhaitez un jour aborder ce livre d'un oeil vierge, je vous invite à interrompre votre lecture juste ici.


Les thèmes abordés par l'auteur sont ceux de la déchéance personnelle et amoureuse. Quand Dick rencontre Nicole, il incarne la figure du sauveur: la jeune femme, traumatisée par un passé obscur, est alors psychologiquement bouleversée. Dick, psychiatre réputé autant pour ses compétences que pour ses qualités humaines, joue un rôle clé dans sa progressive guérison. La malade se raccroche à lui comme à une bouée de sauvetage, faisant du psychiatre son seul espoir et son unique repère. Les liens étant devenus trop forts, une décision doit être prise et Dick, qui refuse de cesser cette amitié, choisit de s'engager davantage auprès de Nicole et de l'épouser.
 


Le couple fonctionne dès lors sur le mode des vases communicants : alors que les crises de Nicole se raréfient, l'équilibre de Dick commence à sombrer sous l'effet des épreuves de l'existence et à grand renfort de spiritueux. Amoureux mais toujours insatisfaits, tous deux évoluent vers une lente détérioriation de leur relation qui laisse au lecteur une impression amère de gâchis. 


J'ai éprouvé quelque difficulté à rentrer dans l'ouvrage : le premier livre, narré d'un point de vue extérieur au couple, me laissait un peu sur ma faim. J'avais hâte d'entrer dans le vif du sujet, de découvrir de l'intérieur la relation de Dick et Nicole, d'en apprendre la genèse et le dénouement. Ainsi, une fois la seconde partie entamée, j'ai véritablement accroché au récit et je ne parvenais que difficilement à m'en détacher. 


Enfin, les images que j'ai choisies pour illustrer l'article ne sont pas extraites d'une éventuelle adaptation cinématographique mais bien du film My Sassy Girl étonnamment proche, somme toute, du roman de Fitzgerald. Cela paraîtra peut-être blasphématoire aux yeux des puristes, mais le personnage de Jordan, fragilisée par des évènements récents, et la fuite dans l'ivresse permettent d'opérer un parallèle intéressant entre le film et le livre. L'un finit bien, l'autre moins...
 


 

En conclusion, Tendre est la nuit est un roman unique, humain, dramatique et poignant. Je le recommande, mais plutôt aux lecteurs avertis que débutants !



 
 

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